Pokhara, Bandipur et anniversaire de Bouddha à Lumbini!

Le 27 Juil 2013, Nepal

lumbiniAprès ce bol d’air frais dans le Langtang et un bref passage à Katmandou, nous voilà partis pour Pokhara. Cette ville (250 000 habitants VS Katmandou 823 000 hab.), à 200km à l’ouest de la capitale a la réputation d’être beaucoup plus calme, moins polluée que Katmandou avec pour toile de fond la chaîne des Annapurna en reflet sur le lac Phewa… Un vrai coin de paradis que tout le monde nous conseille de visiter!

 

 

 

A Pokhara, le beau tu feras!

01/05/2013. 6h de bus plus tard, nous arrivons. On s’installe à la Lemon Tree guesthouse, située en retrait de Lake side avec une vue superbe, des gérants très accueillants et la chambre est d’une propreté irréprochable, pour seulement 7$.

La ville est construite au sud du lac Phewa et la partie la plus touristique (lake side) est située aux abords du lac. La ville sert de point de départ pour les randos dans l’Annapurna. Pourtant, on ne voit pas l’ombre d’une chaussette de rando, du moins à lake side, lieu de rassemblement des fumeurs de joints et des amateurs de techno. Ici à lakeside, on marche pieds nus même si les routes rocailleuses ne s’y prêtent pas, il faut se donner un genre. Ici, il faut avoir des dreads et jongler sur le bord du lac mais ne fréquenter que les bars avec wi-fi pour y connecter son Macbook air. Ici on se promène torse nu ou avec quelques vêtements recousus ou déchirés mais on n’oublie pas de trimbaler, de façon nonchalante de préférence, son appareil photos à 1000 euros… Bref, un quartier très occidentalisé, qui ne laisse plus transparaître la culture népalaise, mais qui reste un endroit intéressant de par le panel de centres de méditation et de yoga qui est proposé.

Néanmoins, après la poussière et le bruit de Katmandou, l’ambiance paisible qui règne au bord du lac est agréable. Dommage que la mousson ait un mois d’avance, une couche nuageuse apparaît dès le matin et rend quasi-invisible les pics majestueux de l’Annapurna. Il pleut à torrent tous les après-midi, ça ne facilite pas la visite des environs!

Philosophie bouddhiste et méditations

A deux pas de l’hôtel est installé depuis 18 ans le centre Ganden Yiga Chozin Meditation & Retreat Centre, où l’on peut s’initier à la pratique de la méditation, du yoga et de la philosophie bouddhiste lors d’un stage de 2 jours et demi (4500 roupies soit 52 $, logé nourri). Nicolas décide de s’inscrire, les profs ont l’air de sérieux. Le stage commence le vendredi à 14h30, le groupe est assez important, 18 personnes. Italie, Belgique, Allemagne, US, Pays-Bas, Israël, beaucoup de nationalités sont représentées.

Trois profs se succéderont durant la session. Gérald pour la méditation, Diego pour les cours de philo bouddhiste, et Sudarshan le propriétaire de notre guesthouse, pour le yoga. Les journées commencent à 6h15 avec 1h de méditation suivi d’1h de yoga. Ensuite petit-déjeuner et 2h de philosophie bouddhiste. Puis l’après-midi, méditation, enseignement et yoga jusqu’à 20h.

Nous avons abordé des sujets tels que la compassion, le plaisir/le bonheur, la gestion de la colère, la souffrance et l’esprit, l’attachement aux biens matériels, le principe de cause à effet, « l’impermanence ». L’enseignement portait également sur la vie de Siddhartha (Bouddha), les différents courants bouddhistes et les techniques de méditation.
Dans la multitude de centres à Pokhara qui proposent le même type de stage, le centre Ganden Yiga Chozin est sérieux et offre un enseignement de qualité.

 

Begnas

A 12km de Pokhara, nous indique Jeevan, il y a un lac d’eau chaude appelé Begnas. Jeevan (pseudo qui signifie ‘vie’ en hindi) est un allemand d’une cinquantaine d’années rencontré durant le stage au centre Ganden Yiga Chozin. C’est un personnage atypique de corpulence imposante, le visage carré avec de longues et fines moustaches d’artiste. Il est psychiatre et veut se reconvertir dans l’accompagnement de personnes en fin de vie. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à faire le stage, intéressé par la vision bouddhiste de la souffrance et de la mort. Il s’est pris une petite année sabbatique pour réfléchir et se préparer à cette activité qui demande un investissement à 100%.

Nous allons à Begnas entassés dans un taxi avec Jeevan, Alison et Lor, deux filles belges rencontrées également durant le stage. Elles sont en voyage de quelques mois au Népal et en Inde. On passera la journée sur place, et louerons une barque. Nous découvrons que Jeevan a du coffre! il nous poussera la chansonnette a cappella et même en français!

 

Sur la route vers Katmandou, Bandipur.

Sur la route du retour vers Katmandou, nous faisons un arrêt à Bandipur. Petit village de 10000 hab. situé à 30min de la route principale. Ce village perché sur une arête de montagne permet d’observer les plaines et forêt alentour… quand la saison le permet! Pour nous ça sera voile nuageux. Nous retrouvons Alison arrivée un jour avant nous. Le village n’est pas très grand (deux rues tout au plus) ce qui lui donne une atmosphère conviviale et paisible. L’architecture typique Newar des maisons donne beaucoup de charme au village, d’autant plus agréable qu’il n’y a ni motos, ni voitures qui y circulent!

 

Le village de Ramcot

A 1h30 / 2h de marche, il est possible de rejoindre le village de Ramcot. Ce village minuscule, aussi très paisible et peu touristique. Il n’y a pas d’hébergement possible, pas de petit commerce. Chaque villageois vaque à ses occupations et on ne se sent pas forcément à l’aise, on a l’impression de perturber par notre présence la vie locale.

« Pourquoi les touristes viennent dans mon village ? »

Peut-être que finalement le touriste est de trop ici. Un habitant nous demande pourquoi les touristes viennent dans son village. Bonne question…, on lui répond que c’est un beau village, proche de Bandipur, joignable par un agréable sentier… Il nous répond qu’il ne trouve pas son village particulièrement intéressant, et que plein de touristes viennent voir les maisons rondes en pierres sèches, ça non plus il ne comprend pas pourquoi.
Il en ressortira de cette discussion un léger agacement de sa part et des questions (des deux cotés) sur « l’envahissement » des touristes que nous sommes sur des lieux préservés comme ce village dont les habitants n’ont finalement rien demandé.

Puja à Bandipur

Aujourd’hui s’organise une puja hindoue, tout le monde s’affaire dans la rue. Les femmes habillées de leurs robes rouges et bijoux, portent des plateaux d’offrandes colorées. Les hommes sont aussi de la partie, chemise, collier autour du cou et chèvres récalcitrantes dans les bras.  Tout le monde se dirige vers le lieu de la puja, un temple légèrement en contre bas du village. Tout le monde y dépose ses offrandes, plusieurs biquettes attachées attendent patiemment. Nous sommes bien accueillis, on nous donne des petits tabourets pour s’asseoir.

Une cinquantaine de personnes est regroupée devant le temple hindou, les femmes d’un coté, les hommes de l’autre. Les heures passent sans qu’il ne se passe grand chose, quand d’un coup tout le monde s’agite. Un homme commence à briser des noix de coco sous la clameur des villageois. Chez les hindous, la noix de coco représente l’être humain. En effet, elle renferme une eau pure, intouchée par la main humaine, provenant de l’arbre lui-même depuis la base jusqu’au niveau le plus haut du fruit, les fibres enchevêtrées caractérisent les vices de l’Homme (jalousie, égoïsme, avarice…) qui doivent être brisés, arrachés afin d’atteindre la pureté de l’âme et sa spiritualité symbolisées par l’eau de coco.

Vient le tour des biquettes, et c’est le moment pour nous de partir évitant ainsi ce spectacle sanguinaire…

 

Gorkha… Gorkha pas…

Sur la route de retour vers Katmandou nous faisons un arrêt à Gorkha, ville de l’ancienne famille royale en 1769. Arrivés sur place, impossible de trouver un hébergement, tous les hôtels sont bizarrement complets (on ne voit pourtant aucun touriste…), on apprend qu’il n’y a plus d’eau ni d’électricité dans toute la ville et c’est sûrement pour ça que personne ne veut se charger des touristos dans ces conditions ! Nous resautons dans le bus (300 NR) pour rentrer à Katmandou.

Tempa, l’exilé.

Nous faisons la rencontre grâce à Alison et Lor, de Tempa, moine tibétain de 27 ans. Tempa, sort un peu des standards que l’on imagine. Lorsqu’il est en civil, il porte de grosses lunettes de soleil, bois de l’alcool et sort en boite. Pour fuir l’oppression chinoise, il a quitté le Tibet en y laissant sa famille il y a plusieurs années et est venu s’installer au Népal, à Boudhanath, lieu de rassemblement pour les tibétains en exil. Il ne peut plus revenir au Tibet sans changer de nationalité. Son but serait de rejoindre l’Angleterre et d’obtenir le droit d’asile. Il espère acquérir la nationalité anglaise et revenir ainsi plus librement au Tibet. Nous passons une petite soirée loin de ce sujet chez Momostar, un resto du quartier touristique de Thamel.

 

Lumbini, lieu de naissance de Siddhārtha Gautama, le Bouddha.

24/05/2013. On se rapproche de la frontière indienne en nous rendant à Lumbini, dans le Teraï népalais, à 8h de bus de Katmandou (500 NR). Lumbini est le lieu supposé de naissance de Siddhārtha Gautama, le Bouddha (terme sanskrit signifiant « éveillé ») en 544 av. J.-C.  Lumbini est donc un lieu sacré de la plus haute importance pour les bouddhistes.
La chaleur ne fait qu’augmenter au fil du trajet (nous passons de 1350m à 200m d’altitude.). En arrivant une bonne surprise, nous apprenons que demain c’est l’anniversaire de Bouddha! Quel timing de se retrouver ici la veille de sont 2557eme anniversaire ! La moins bonne surprise est qu’ici la chaleur est insoutenable, et c’est encore pire dans les chambres! Le ventilo au plafond ne fait que remuer un air brûlant…
La nuit tombe, 23h, 00h, aucune fraîcheur. Une coupure d’électricité nous achève en arrêtant le ventilo, il n’est désormais plus possible de rester dans la chambre et les quelques occupants de l’hôtel sortent un par un cherchant un peu de fraîcheur. Les heures passent, l’électricité ne revient pas. Alice et Alison découvrent que les proprios de l’hôtel dorment sur le toit, c’est effectivement dehors que l’on peut enfin un peu respirer et espérer dormir. On monte donc les matelas et malgré une armée de moustiques, tentons de finir la nuit.

Le long du canal qui emmène au lieu de naissance de bouddha, on peut visiter à vélo une vingtaine de temples de pays différents comme la Thaïlande, Birmanie, Cambodge, Vietnam, Népal, Chine mais aussi la France et l’Allemagne. Les temples rivalisent par leur taille et leur décoration, beaucoup sont encore en travaux, on ne voit pas grand monde. L’ambiance laisse un peu un une impression d’inachevé.

En dehors de la zone des temples, la zone archéologique associée au lieu de naissance proprement dit n’est pas très étendue ni très impressionnante. C’est certainement pour ça que la plupart des touristes sont déçus par Lumbini.  On peut voir les vestiges archéologiques de viharas (monastères bouddhistes) et de stupas (tombeaux commémoratifs bouddhistes) datant du IIIe siècle av. J.-C. au XVe siècle. Ces ruines fournissent un important témoignage des centres de pèlerinage bouddhistes depuis une époque très ancienne. Actuellement, un bâtiment de béton sans charme protège le lieu précis de naissance, marqué par une pierre, les pèlerins y jettent des billets et des pièces de monnaie. A l’extérieur, se trouvent un bassin rectangulaire et quelques arbres imposants habillés d’une multitude de drapeaux de prières. On peut aussi découvrir la colonne d’Ashoka, érigée en 249 av J-C et offerte par l’empereur Ashoka. Cette colonne est particulièrement réputée pour les inscriptions qu’elle porte, confirmant que Bouddha naquit à Lumbini  vers le VIe siècle av. J.-C.

Pour l’occasion de l’anniversaire, autour d’un des arbres principaux, une dizaine de moines, dos au tronc méditent en récitant des mantras. Autour, plein de touristes népalais et indiens viennent se faire photographier ou méditer près de l’arbre. Des groupes de méditation se constituent sur la pelouse environnante, l’ambiance est très spirituelle et emprunte de sérénité. On se serait attendu à un rassemblement plus important de moines pour ce jour particulier, on voit surtout beaucoup de touristes locaux.

 

A la tombée de la nuit, le site se vide de ses visiteurs, seuls quelques moines restent près de l’arbres éclairé par des lumières orange pour créer une ambiance mystique.

Encore une nuit et nous terminons ce séjour de 2 mois au Népal.

Notre budget a été de 18,90$/jour/personne (sans avion, ni visa).
Demain nous partons pour l’Inde, destination attirante mais redoutée, sentiments mêlés de curiosité et d’appréhension!