Vârânasî, culte du Gange.
Le 05 Sep 2013, IndeVârânasî (Bénarès), située dans l’Uttar Pradesh, est une ville qui ne ressemble à aucune autre en Inde. Celle-ci, construite au bord du Gange, fleuve le plus sacré pour les hindous, attire des milliers de pèlerins qui viennent s’y baigner pour se laver de leurs péchés et incinérer leurs défunts, leur assurant ainsi l’accès au nirvana.
Pourquoi le Gange est-il sacré d’ailleurs ? Dans l’hindouisme, le Gange s’écoulerait de la chevelure de Shiva, dieu destructeur (mort) et régénérateur (renaissance).
L’arrivée à Vârânasî
27 mai 2013, 23h. Nous venons d’arriver à Vârânasî et prenons un rickshaw depuis la gare pour la Shanti Guesthouse (250 roupies -5$- double avec sdb), au nord de la vieille ville. Petite entourloupe classique, on se rendra compte le lendemain qu’il nous a déposés à la Shanti Resthouse (commission oblige) au sud de la ville… Ce qui nous obligera à migrer vers la vraie guesthouse, sous un soleil de plomb par 45°C, merci ça fait plaisir !
La vieille ville de Vârânasî constituée de toutes petites ruelles aussi larges que les vaches qui l’empruntent, s’étire le long du Gange auquel on peut accéder par de nombreux ghats (série de marches donnant accès au fleuve). Si l’on s’enfonce dans la cité, les minuscules boutiques donnant sur la rue débordent de poudres de bois de santal, de combustibles naturels pour les crémations, de fleurs, lampes à huile, pichets en cuivre, pots de terre, noix de coco, bougies… Autant d’ingrédients et d’ustensiles pour pratiquer les rituels au bord du fleuve et dans les temples.
Les rues sont calmes sauf à proximité des temples où la foule se presse pour faire son offrande, ou quand des motos, véritable fléau urbain, les empruntent à toute vitesse en klaxonnant. Heureusement, les piétons, vaches, chiens, chèvres, déchets en tous genres, les font ralentir. L’étroitesse des rues est vite dépassée par l’afflux des déchets jetés par terre et autres bouses de vaches… Les sollicitations sont moins fréquentes que ce que nous imaginions, cela dit les regards sont toujours aussi gênants.
Sur les ghats
Du petit matin jusqu’au soir, la plupart des ghats de la vieille ville sont animés (c’est quand même plus calme entre midi et 16h, beaucoup trop chaud), spiritualité et vie quotidienne se mêlent. On peut voir des offrandes au Gange (pujas), mais c’est aussi un lieu où l’on se baigne, se lave, nettoie le linge, apprend à nager avec des bouées de fortune (qui se résument à une bouteille vide accrochée sur le ventre par un tee-shirt). Certains Ghats sont réservés à la crémation des corps. Ces Ghats sont particulièrement sacrés et les photos sont interdites.
Sur les bords du ghats, un peu de percu/accordéon.
Manikarnika Ghat est un des principaux lieux de crémation de Vârânasî, en activité 24h/24h. Une grande quantité de bois de qualité et de prix variables est stockée à proximité du bûcher et dans les rues. A un rythme effréné, les corps recouverts de draps dorés et de fleurs descendent vers le Gange transportés par des hommes qui répètent en boucle des mantras (prières). Le corps est ensuite immergé dans le fleuve sacré avant d’être déposé sur le bûcher (interdit aux femmes). On parle de plusieurs centaines d’incinérations par jour…
Parfois le corps se détache du rocher…
Un indien nous expliquera que seules les personnes mortes naturellement sont incinérées, pour les autres (enfants, lépreux, femmes enceintes, morts par piqûre de serpent, sadhus), leurs corps sont lestés par un rocher et coulés au milieu du Gange. Parfois le corps se détache du rocher et vient flotter au bord de fleuve à quelques mètres des baigneurs qui ne sont pas dérangés pour autant, cela donne une situation plutôt déroutante.
Difficile pour un touriste de supporter une telle proximité avec la mort et de ne pas avoir le cœur soulevé par l’odeur des corps qui brûlent. Pourtant du point de vue des hindous, la crémation n’est pas un moment triste puisqu’il signifie la libération du cycle des réincarnations et ainsi des souffrances impliquées par la vie terrestre.
Même dans cette ultime étape de crémation, les inégalités de castes persistent, plus on appartient à une caste haute plus le bûcher a lieu en hauteur. Seulement lorsque le Gange est en crue à la mousson, la partie inférieure du Ghat étant immergée, toutes les crémations ont lieu en haut, seule la qualité du bois fait la différence.
Il existe trois types de bois : le moins cher (10 à 15 roupies le kilo), un prix moyen (60 roupies le kilo) et les plus riches s’offrent le luxe de brûler entourés de bois de santal (plusieurs milliers de roupies le kilo). Sachant qu’il faut près de 200 kg pour brûler un corps….
Nous continuons notre pèlerinage avec Sarnath et Bodhgaya, respectivement le lieu du premier sermon de Bouddha et le lieu de son éveil.
Om mani padme hum !
Nous avons passé une semaine à Vârânasî et ce n’est pas trop pour s’imprégner de l’atmosphère si particulière de cette ville, gérer ses émotions… Pour peu que l’on prenne le temps de voir, sentir, comprendre, cette ville ne peut que laisser un souvenir impérissable.