Le village de Cacao
Le 06 Juin 2018, Guyane
Aujourd’hui départ de Cayenne, direction Cacao (commune de Roura), village de la communauté Hmong.
Beaucoup de voitures prennent la direction de Cacao aujourd’hui, à n’en pas douter le marché de Cacao attire du monde!
La 1ere partie de la route est plutôt roulante. Il s’agit d’une départementale, couramment utilisé pour aller aux marais de Kaw. En revanche la route laisse rapidement place à une piste difficile. Cette portion de chemin est sinueuse, remplie de nid de poule et parfois étroite. Ce sentier un peu sombre se faufile dans une forêt à la végétation dense et aux arbres hauts.
Le peuple hmong pratique cette route deux à trois fois par semaine pour faire vivre le marché de Cayenne. Il y avait en 2012 2000 habitants à Cacao. Aujourd’hui les Hmong produisent encore l’essentiel de l’agriculture guyanaise après des années d’efforts gigantesques pour arracher des cultures à cette terre ingrate.
C’est grâce à l’aide d’un président de Conseil régional (M. Ho-a-Chuck) d’origine asiatique favorable à leur installation, aux organisations catholiques sollicitées par le Père Bertrais, et par des fonctionnaires comme Pierre Dupont-Gonin (élaborant une thèse sur le développement de la Guyane), qu’ils ont pu s’installer.
Pourquoi la Guyane ? Car celle-ci était sous-peuplée, avait besoin de développer son agriculture (les fruits et légumes étaient achetés aux Surinamiens ou aux Brésiliens ou importés), son climat et sa flore étaient proches de ceux du Laos.
Après plusieurs propositions, le site de Cacao fut choisi car il appartenait à un seul propriétaire (le Ministère de la Justice), offrait un relief en hauteur et se trouvait assez éloigné des villes et villages pour que personne ne réclame les terres et pour que les Hmong ne soient pas tentés d’aller en ville.
Le samedi 3 septembre 1977, arrivèrent sur le sol guyanais, en provenance de Bangkok avec une escale à Paris, 10 familles hmong (45 personnes) qui furent accueillies par le préfet. Puis le 7 septembre, M. Ho-a-Chuck (maire de Roura et président du Conseil Général à l’époque) les accueillait à Cacao. Une nouvelle vie commençait alors pour eux et les 462 autres qui les suivirent.
Le village de Cacao, son marché, ses broderies…
Après une heure et demie de route nous voici arrivés dans le village.
Le marché bat son plein et aujourd’hui c’est la fête du ramboutan à Cacao. Cette fête donne la possibilité à n’importe quelle personne d’aller cueillir elle-même les ramboutans directement dans les cultures des agriculteurs et de payer ensuite sa récolte à la sortie de la cueillette. Le tout pour une modique somme.
Dès l’arrivée nous effectuons un tour au marché. Le marché s’organise en deux parties. La 1ere partie est sur la piste où sont disposés de part et d’autre des étales composés principalement de fruits.
La 2eme partie correspond à une grande place abritée par une immense charpente en bois. Là on y trouve de l’artisanat, tel que des broderies retraçant le quotidien des hmong (le travail, les fêtes, etc..) ou encore des contes. On peut aussi y acheter des fruits et légumes. Nous achetons quelques spécialités locales comme cette boisson, le soussa, formée de quatre ingrédients : caramel, lait de soja, riz fermenté et tapioca.
Nous allons visiter le musée de l’association « Le planeur bleu ». Elle expose dans ses locaux ses collections entomologie (mygales – insectes), archéologie (coloniale-amérindienne), ethnologie de Guyane. Certains insectes sont impressionnants de part leur taille. Je pense que pour être encore plus impressionnant il faudrait les voir en vie et dans leur milieu naturel. A mon avis la confrontation en tête à tête ne s’avérerait pas de manière aussi détendue.
L’attraction phare à la lecture des différents prospectus, est la possibilité de prendre dans ses mains une Avicularia metallica (mygale), ou d’après son nom vernaculaire, une matoutou. Cette mygale au dos bleu et aux bouts des pattes orange se caractérise par sa docilité et son esthétisme (noire aux reflets bleu métallique). Il n’en sera pas le cas, suite à une interdiction, il n’est plus possible de prendre cette araignée dans ses mains. Il n’en resta pas moins que la visite m’a beaucoup plu de par la diversité de la collection et par l’accueil et les explications des bénévoles.
Une fois la visite terminée nous décidons d’aller déjeuner au marché (nems, riz cantonais, jus maracuja) et de faire encore quelques achats, 1 bouteille de liqueur de ramboutan et 3 kgs de ramboutan. Sur la route du retour l’on aperçoit en contrebas un abatis. Les arbres sont coupés sommairement et laissés sur la parcelle, qui est ensuite brûlée. Ceci afin d’en rendre la terre plus fertile.