En route pour le Ladakh!

Le 20 Oct 2013, Inde, Ladakh

aller_au_ladakhSituée entre l’Himalaya et la chaîne du Karakoram, le Ladakh est une région située à l’extrême nord de l’Inde, dans l’État indien du Jammu-et-Cachemire. Parfois appelé le petit Tibet, ce désert froid est célèbre pour ses paysages montagneux et sa culture bouddhiste tibétaine. Sa capitale, la ville de Leh, est à 3500m d’altitude. Le Ladakh est la région de l’Inde à l’altitude moyenne la plus élevée, une grande partie de son territoire dépasse les 3000m. Sa superficie (87 000km²,) est équivalente à la Belgique et aux Pays-Bas réunis (ou à la Guyane toute entière !).

À la différence du reste du Jammu-et-Cachemire qui est principalement musulman, le Ladakh est une région majoritairement bouddhiste. La plupart des habitants de la région parlent le ladakhi, un dialecte proche du tibétain.

Au Xième siècle, à la suite d’une violente guerre civile au Tibet, une partie de la famille royale tibétaine réussit à s’enfuir et s’exile au Ladakh où elle fonde le premier royaume ladakhi. Au fil des siècles, ce royaume s’amincit ou s’agrandit au gré des invasions cachemiries et des reconquêtes ladakhies. Le Ladakh ne se relèvera pas de la dernière invasion chinoise de 1843.

L’année suivante, en 1947, quand le Cachemire se rallie à l’Inde qui vient d’obtenir son indépendance, le Ladakh est déclaré partie intégrante de l’Inde. Dans les années qui suivent, l’Inde doit affronter l’armée pakistanaise à l’ouest qui envahit le Ladakh en remontant l’Indus, puis l’armée chinoise qui vient d’envahir le Tibet à l’est. Mais elle ne peut faire reculer ces armées et abandonne le Balistan et une partie du Cachemire au Pakistan, et les hauts plateaux de l’Aksaï Chin à la Chine, soit près de la moitié du Ladakh de cette époque. C’est ce qu’il reste à l’Inde, de cet ancien royaume qui constitue le Ladakh d’aujourd’hui.

Au début des années 60, le premier choc culturel pour ce territoire pratiquement fermé aux influences extérieures, fut l’arrivée massive de militaires indiens, à la suite du conflit avec la Chine. Actuellement, 130 000 soldats sont cantonnés sur le territoire du Ladakh.

Le second choc culturel du Ladakh fut son ouverture au tourisme en 1974. Désormais, la ville principale, Leh, abrite surtout des boutiques spécialisées dans l’artisanat local, des agences de trekking et un nombre impressionnant d’hôtels et de restaurants. Cette quantité s’explique par l’explosion du tourisme dans la région. En 2006, près de 40.000 touristes étaient venus au Ladakh. En 2011, le nombre de touriste (180 000) a dépassé celui de la population (147 000).

Le tourisme représente plus de 50% de l’économie de ce district, mais s’il crée des emplois, il porte aussi atteinte au patrimoine écologique local. Une étude de 2005 demandée par le conseil de Développement du Ladakh a établi que la ville de Leh avait produit plus de 6000 tonnes de déchets pendant la saison touristique (~4 mois), ce qui représente trois fois ce qui est produit pendant le reste de l’année. Quelques exemples aberrants, les hôteliers offrent désormais aux clients des toilettes occidentales qui consomment des dizaines de litres d’eau alors que les structures traditionnelles, qui sont des toilettes sèches, n’en consomment pas. Des bouteilles d’eau en plastique sont disponibles absolument partout (on trouve évidemment les deux géants Coca-cola et Pepsi), alors que l’eau filtrée n’est que difficilement disponible et peu consommée par les touristes.

Cela dit, bonne nouvelle, les sachets plastiques sont interdits au Ladakh! Il existe également quelques associations locales qui tentent de faire un travail de sensibilisation écologique (Women’s Alliance of Ladakh, Dzomsa, http://www.isec.org.uk), ainsi que des associations étrangères comme GERES (Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarités), qui apporte ses compétences et ses services dans le domaine de l’environnement, de l’énergie et de l’agro-alimentaire (http://www.geres.eu).

La saison touristique s’étend de juin à septembre, en dehors de cette période les routes sont bloquées et le froid commence à être difficile à supporter, il peut faire de -30 à -10°C en janvier (et de 15 à 30°C en été).

 

Pour s’y rendre, deux solutions :

  1. Par les airs en avion, en 1h30 de Delhi. Environs 100€ l’A/R si on s’y prend tôt.
  2. Par la route, les départs se font depuis la ville de Manali à une nuit de bus de Delhi. En bus local/touristique (~10/15€), en taxi 4×4 ou en taxi collectif, il est possible de faire le trajet en une fois (~20h) ou en deux jours (2x10h).
    Si vous optez pour la solution du taxi, il existe un site qui permet de regrouper les personnes voulant partager un taxi : https://www.leh-ladakh-taxi-booking.com/. Écologique et économique !

 

Allons à Leh ! (1 sur 2) De Delhi à Manali.

06/08/2013. Nous choisissons d’y aller par la route, ce qui permettra d’apprécier pleinement les paysages et de s’acclimater progressivement. Première étape, rejoindre Manali à 2000m d’altitude, qui est à mi-chemin entre Delhi et Leh. Il n’y a que des bus de nuit qui partent vers 17/18h de Delhi.

Au bout de 4/5h de route rapide et droite, on entame, de nuit, la partie sinueuse. Le chauffeur a l’air de gérer le gabarit du bus, une main sur le volant, l’autre au téléphone. Un p’ti coup de mou? on monte le son bollywood à la radio et on s’envoie une dose de tabac à chiquer!
Les heures passent… Vers 7h du matin nous sommes stoppés par quelques voitures arrêtées. Un éboulement de terrain vient juste de se produire! La seule route pour rejoindre Manali est maintenant bloquée… La file de voitures s’allonge jusqu’à disparaître derrière un virage. Au bout d’une heure, deux tractopelles arrivent et entament le déblayage sous les regards de nombreux curieux et sous une montagne encore instable. Il faudra près de 4h pour frayer un petit passage permettant de faire passer les files de voiture en alternance. Notre chauffeur hésite un peu, le passage est étroit et instable, mais après avoir constaté que d’autres bus de gabarit similaire au nôtre pouvaient passer, nous y allons.
Encore 3h de route menaçante et nous atteignons Manali.

 

 

Manali

Contrairement à nos habitudes, nous suivons les conseils d’un rabatteur rencontré à la descente du bus. Ce sera finalement un très bon choix, la guest-house le manalsu est légèrement excentrée dans les hauteurs de la vieille ville, les chambres avec sdb (300 à 500 inr – 4€ à 6€) sont plutôt propres et entourées d’arbres, de pommiers, de sapins….

Si on dépasse l’amas de restos, commerces et agences de voyage situés en bas du vieux Manali, on peut admirer de très belles maisons anciennes et profiter d’une belle vue sur la vallée. On y trouve des guest-houses sans difficulté. Le nouveau manali est un peu plus impersonnel et ressemble d’avantage à une petite ville indienne quelconque.

 Sans perdre de temps, nous réservons un billet de bus pour Leh, en deux jours avec une nuit sous tente (1600 inr/pers – 20€). Départ demain à 6h du mat!

 

Allons à Leh (2 sur 2) ! De Manali à Leh.

08/08 et 09/08/2013. De nombreux touristes pressés par le temps préfèrent se rendre à Leh en avion depuis Delhi, permettant ainsi d’avoir plus de temps pour les treks. Même en voyage, tout le monde fini par être pressé! Mais impossible en avion de comprendre pourquoi le Ladakh est si différent du reste de l’Inde. Pour appréhender et comprendre cette réalité, il faut prendre la route et réaliser à quel point le Ladakh est un royaume niché au milieu des montagnes. Manali-Leh c’est 480 km de route de haute montagne avec une succession de trois cols à des altitudes respectives de 4880, 5065 et 5360m. Ça en fait la route carrossable la plus haute du monde.

 

C’est un bus de 14 places qui nous attend. Le départ se fait sous la pluie et le brouillard, mais Bim, le chauffeur, conduit prudemment. Nous sortons des nuages au bout de quelques heures de route pour laisser place à un paysage de montagnes verdoyantes et rocailleuses.

Notre route serpente à flanc de montagne alternant piste et route goudronnée.

 

Nous passons deux checkpoints pour le contrôle des passeports. La zone est très militarisée, la frontière avec la Chine n’est pas loin.  Nous croisons d’ailleurs des convois d’une 40aine de camions militaires.

L’ascension continue et la verdure laisse place à un paysage minéral rouge ocre, de terre et de roche. Nous faisons un arrêt repas à 4320m, et le manque d’oxygène se fait ressentir dès les premiers pas!

 

 

Nous arrivons à Sarchu (4300m) en fin de journée pour y passer la nuit. Les paysages sont à couper le souffle!

 

Départ le lendemain à 6h avec le soleil qui commence tout juste à chauffer la vallée.  Au son d’une musique bollywood bien rythmée nous passons un col à 5000m. Pour un des passagers le mal de l’altitude se fait ressentir, maux de tête, vomissement…

« Bihar boy »

On croise régulièrement un nombre impressionnant de travailleurs népalis et biharis (habitants de l’état du Bihar) qui travaillent tout l’été à casser des cailloux au marteau pour faire les routes. Ce travail de maintient et reconstruction est souvent nécessaire afin de rouvrir à la circulation ces routes qui sont soumises à des conditions hivernales assez destructives. Ces esclaves du goudron préparent le bitume dans de gros bidons métalliques qui brûlent le long de la route. Les conditions de travail de ces hommes venus des régions les plus pauvres de l’Inde sont calamiteuses, le revenu moyen d’un habitant de l’état du Bihar est de 13400 roupies/an, soit 160 euros par an, soit 44 centimes d’euro par jour. Isolés sur ces montagnes, ils vivent regroupés dans de simples tentes en toile plantées au bord des routes. Pierre après pierre, jour après jour, ils participent ainsi au développement touristique du Ladakh… pour un salaire misérable, moins de 1€/jour. Pas d’école pour les enfants et quelques chapatis pour les repas…

 

 Leh, tout le monde descend!

La verdure n’apparaît maintenant que de façon très sporadique, le reste n’est que cailloux et poussière. L’espace ouvert devant soi est immense, les reliefs sont impressionnants et le travail de l’érosion a façonné la roche. La lumière si intense fait ressortir des couleurs surréalistes entre l’ocre, le rouge, le vert, et le bleu glacé des cours d’eau qui sillonnent le fond des vallées. Encore un col à 5300m et nous entamons la descente vers Leh (3500m). Tout le monde remercie le chauffeur pour ces 2 jours de voyage fort en sensation et durant lequel on ne s’est pas ennuyé un instant!

 

 

Nous choisirons la Green Villa guest house (ch double avec sdb à 600 inr) pour ce mois et demi de séjour. Dans les hauteurs de la ville, cette jolie maison traditionnelle est habitée par une famille très chaleureuse offrant des chambres propres et spacieuses, dans une environnement calme et paisible.