Ladakh : Slow trek dans la vallée de Sham

Le 09 Fév 2014, Inde, Ladakh

vallee shamSlow Trek sans guide dans la vallée de Sham, de Likir à Alchi, en 12 jours.

Longue hésitation sur le choix de la rando, avec ou sans guide , avec ou sans tente, avec ou sans âne ?? On fait le tour des agences pour débroussailler les infos, on discute avec des locaux et des randonneurs…La randonnée est pour nous le moyen de découvrir la vie des Ladakhis dans les villages et d’être immerger dans ces paysages surréalistes, l’exploit sportif de gravir des sommets à 5000m n’est pas notre objectif ….Rien ne sert d’être épuisés par la journée de marche et de ne pas profiter des paysages et des villages à l’arrivée !

On se décide donc finalement pour la vallée de Sham, l’altitude maximum est de 4100m, 3 cols seulement, des villages magnifiques, parfait pour nous!

Nous profitons d’avoir à notre disposition des magasins de rando pour nous équiper, et on aura même droit d’emporter du fromage de Yak en provenance directe du Népal!  ça fait chaud au cœur :)

Parcours et durée

Nous passerons par les villages de Likir, point de départ du trek, puis Yangthang (3600m), Tingmosgang (3200m), Tar (3550m), Mang-gyu (3450m) et Alchi (3200m). Trois cols à passer : col du Lago La à 3820m, col Tar-Ipti La à 4150m et col de Mang-gyu La à 4150m.

Il est possible de faire la « boucle » en 5 ou 6 jours, ajouter à ça 2 jours de transport. Nous prendrons notre temps et la ferons en 12 jours.

Pas besoin de guide, une simple boussole et une bonne carte à acheter à Leh. Je vous conseil la carte topographique détaillée Olizane (suisse), la meilleure en terme de précision, mais aussi la plus cher. Elle couvre le centre du Ladakh et du Zanskar et le lac de Pangong. (Echelle 1 : 150 000. ). D’autres cartes sont disponibles à Leh avec leurs lots d’erreurs et d’imprécisions….

Le descriptif détaillé de la rando (roadbook) fait par Jean Louis Taillefer, auteur du guide pratique Ladakh Zanskar est disponible ici

La carte du trajet.

 

 

Trek dans la vallée de Sham, 12 jours de rando.

23 août au 04 septembre 2013. Nous prenons le bus vers 10h de Leh pour nous rendre dans le petit village de Likir, début du trek. 2h plus tard, on nous fait descendre du bus, pourtant rien ne laisse supposer que nous sommes à bon port…

Un no man’s land tout autour de nous, aucune indication si ce n’est quelques panneaux de guest house. Le bus s’éloigne….

Nous marchons 2 bonnes heures pour enfin arriver au monastère en suivant un couple de Ladakhis qui s’y rendaient. Nous posons nos sacs à la Chumma Guesthouse.

 

Likir est un petit village dominé par son monastère et un Bouddha Maitreya doré de 20m de haut, impossible à louper. Le monastère est agréable à visiter : très beau panorama sur la vallée à travers les ouvertures de la cour intérieure. Un petit musée est ouvert sur la terrasse.

 

 

Au chant!

C’est actuellement le moment des récoltes d’orge et de blé…. Lors d’une petite promenade dans les hauts du village, nous sommes invités à partager un thé par un groupe de Ladakhis assis au milieu d’un champs. Le thé local est une boisson très appréciée des locaux, c’est un thé noir salé généralement battu avec du beurre, auquel on peut ajouter une grosse noix de … beurre! La boisson surprend nos papilles d’occidentaux! On reste avec le groupe le temps de leur pause et leur donnons rendez-vous le lendemain matin pour les aider aux champs.

7h, nous recroisons comme prévu le groupe surpris qu’on ait tenu notre engagement! On se dirige vers une petite terrasse d’orge, les faucilles sont distribuées et c’est parti pour une journée dans les champs ! Les Ladakhis discutent et rigolent tout le temps, ça met une très bonne ambiance. On arrive à discuter avec Nobo qui parle un peu anglais. C’est lui qui sera notre « maître de stage » en nous apprenant la technique de coupe de l’orge à la faux, pas si facile que ça en a l’air, les locaux exécutent le travail à une vitesse impressionnante. Les chants donnent le rythme de la récolte.

 

 

 

L’orge coupé, nous le transportons vers une autre parcelle pour le séchage. La journée est régulièrement entrecoupée de pauses thé, puis vers 10h place au petit dej : curry de navet et tsempa (farine d’orge grillé) préparée avec du thé salé, sans oublier un peu de thé au beurre !

On repart pour un autre champs dans les palabres et les rires. Pas question pour nous de refuser l’invitation du repas de midi où nous partagerons un curry de pommes de terre, oeufs et timok (pain ladakhi cuit à la vapeur). Nos hôtes comme d’habitude discutent et plaisantent tout le temps, toujours les rires et la bonne humeur. On entame enfin les derniers champs pour cette après-midi. La fatigue se fait sentir, le dos devient douloureux, et le soleil ne faiblit pas. A part nous, personne ne montre de signe de faiblesse, nous n’aurons pas le courage de terminer le dernier champs. D’ailleurs notre équipe de faucheurs nous conseille depuis un moment de nous arrêter! Nobo, sacoche à l’épaule s’en va, nous faisons de même. « Julley julley! » (au revoir!)

Fin de la journée !

 

 

Nous avons passé une journée épuisante mais très agréable, en toute simplicité et décontraction, cette simplicité qu’ont les Ladakhis à considérer sans hésitation l’étranger comme un « ami ».

Bon, maintenant il s’agirait de commencer à marcher !

 

Likir > Yangthang (26/08 au 30/08)

7h30 Départ de Likir pour la première étape qui nous amènera au petit village de Yangthang. La journée de fauchage a laissé des traces, on a les jambes et le dos bien raides mais seulement 3 à 4 h de marche à prévoir aujourd’hui, tranquillou. Le chemin n’est pas simple à trouver, nous passerons d’ailleurs une bonne heure à chercher notre chemin dans les gorges d’une vallée aride. N’ayant rencontré personne, l’utilité de la boussole prend alors toute son importance !

 

Nous arrivons sur un plateau où est installé le village de Yangthang. Le village est traversé par quelques ruelles poussiéreuses. Après un petit tour des quelques guesthouses, nous trouvons que les prix sont trop élevés (~600 à 800 inr/pers – 7 à 10 euros) et que l’ambiance n’est pas très ‘familiale’.

Nous avons vu deux homestay (chez l’habitant) dans le fond de la vallée, à 15/20 min du village. Nous y trouvons la maison de Dolma Tsering, entourée de fleurs, d’abricotiers et peupliers, de champs d’orge et un peu plus bas, pour rafraîchir l’atmosphère, une rivière. Dolma la propriétaire arrive des champs pour nous accueillir avec un large sourire. Le prix de la nuit (500 inr/pers – 6 euros) est fixé par la snow leopard conservancy, une association qui implique les habitants en faveur de la conservation et protection du léopard des neiges.

L’ambiance est beaucoup plus familiale et conviviale que dans le village où le randonneur est attendu pour son argent. Le thé coule à flot et les repas sont copieux et de qualité. Dolma vit dans cette maison avec ses deux parents, leurs visages souriants sont marqués par le temps et la rudesse du climat. Elle a deux frères qui vivent à Leh.

 

Dolma et ses parents passent leurs journées dans les champs, nous allons volontiers les aider. Sauf qu’ici, point de faucille, tout à la main ! La journée est rythmée par les pauses thé et les allers et venues énergiques de Dolma entre les champs, la maison, l’étable, toujours avec son grand sourire . Dès le levé du soleil Dolma s’active aux taches quotidiennes avec une énergie sans limite et une joie de vivre évidente. Le soir, nous prenons tous le dîner assis sur des tapis devant de petites tables tibétaines (choktse) dans la cuisine. Certains soirs nous aidons à la cuisine, dans les rires et la bonne humeur car Dolma ne parle presque pas anglais, mais arrive à se faire comprendre!

 

Les champs sont maintenant récoltés, nous explorons les alentours, au nord à 2h de marche le village d’Ulley et ses 18 habitants, au sud à 2h également, Ridzong et son monastère. Voila 5 jours que nous sommes chez Dolma, nous aimerions rester plus longtemps mais d’une part les activités commencent à manquer, d’autre part nous aimerions progresser dans la découverte de cette vallée de Sham.

 

Yangthang > Tingmosgang (Temisgang) 3260m  (31/08)

Nous faisons nos adieux chaleureux à la famille et nous dirigeons maintenant vers Hemis. Un petit col (Sermanchan La) à 3850m et nous apercevons le village que nous atteignons en 2h. Nous traversons le village puis passons le col du Lago La à 3820m, impressionnant par sa verticalité. Ce franchissement effectué, nous descendons pendant 2h vers Temisgang.

 

Apple tree guesthouse sera notre hôte pour ce soir, chambre correcte (500inr / 6euros) mais radin sur les repas du midi! Habituellement, dans le prix d’une chambre, 3 repas sont compris, dont celui du midi à emporter le lendemain.

 

Temisgang > Nurla puis Tar, 3435m. (01/09)

Après une descente de 5km par la route, nous passons l’Indus (fleuve qui a donné son nom à l’Inde). La montée vers Tar se fait pas une gorge étroite et agréablement verdoyante. 2h plus tard Tar apparaît. Encaissé au fond d’une étroite vallée, Tar est un village de quelques maisons et champs. Pas vraiment de homestay officielle, nous demandons à un vieil homme croisé par hasard s’il connaît un hébergement, il nous propose une chambre dans sa maison. Il vit avec sa femme, une veille dame au sourire malicieux. Les nuits sont fraîches, pourtant nous constaterons avec étonnement que ce couple dort à la belle étoile, sur la terrasse emmitouflé sous quelques couvertures…. Nous pensons évidement à ce moment là avoir pris leur seul endroit où dormir au chaud, mais la cuisine s’y prêtait pourtant, on ne saura pas…

 

 

Tar > Mang-gyu, 3530m (02/09)

La journée sera difficile, deux cols sont à franchir dont un dans les premières heures de marche. Un premier col (le Tar-Ipti La à 4150m) puis on entame la succession de crête et vallons pendant 2h30 en surplombant le hameau de Ipti. On passe le 2ème col, le Mang-gyu la à 4150m pour ensuite descendre jusqu’à 3450m vers le village.

 

 

Mang-gyu > Alchi, 3095m (03/09)

Dernière étape de ce trek dans la vallée de Sham. Nous partons vers 14h de Mang-gyu pour nous permettre de marcher à l’ombre des montagnes sur cette route dépourvue d’arbres. Au départ de Mang-gyu, nous suivons la petite route peu utilisée longeant l’Indus puis on s’en éloigne pour remonter vers Alchi.

 

Arrivés à Alchi, nous demandons à un petit commerce si celui-ci connaît un hébergement. La chaîne de solidarité se met alors en place, le commerçant en parle à un client, qui passe quelques coups de fil et nous atterrissons dans une maison où on nous présente la propriétaire. L’endroit nous plaît, nous posons ici nos sacs. Cette dame vit avec sa petite famille, des enfants aux grands parents, tout le monde habite sous le même toit. Le soir nous mangeons dans la petite cuisine, devant tout ce petit monde qui nous scrute. Ils ne mangeront que lorsque nous seront partis…

La visite du monastère d’Alchi est un incontournable, le célèbre temple à 3 étages, Sumtsek Lhakhang, date de 1217, et fait partie des plus anciens monastères du Ladakh.

source : www.martinpierre.fr

Ce monastère est considéré comme l’un des joyaux de l’art indo-tibétain au Ladakh, il présente quatre temples dont le temple Vairocana qui possède une arrière-salle remplie de mandalas impressionnants (dont les photos à l’intérieur sont interdites) . Le temple Manjushri renferme également une statue à quatre faces de Manjushri, Bouddha de la Sagesse. Les croyants se recueillent devant chaque Bouddha en priant et en faisant des offrandes.

Après ces 12 jours de randonnée (dont 5 à Yangthang) il est temps de rentrer en bus à Leh!