Approche de la pensée bouddhiste.

Le 29 Sep 2013, Inde

bouddhismeDepuis notre départ de Pékin, la plupart des pays traversés sont majoritairement bouddhistes ce qui nous a poussé à nous intéresser de plus près à cette religion qui est aussi une philosophie de vie.

Nous allons essayer d’expliquer la base de la pensée bouddhiste, ce que l’on en a compris de part nos rencontres, discussions, lectures…

 

A 8km de Vârânasî, se trouve Sarnath, petite cité bouddhiste.

Après avoir atteint l’Éveil à Bodhgaya, le Bouddha vint à Sarnath et fit ici son premier cycle d’enseignements sur les 4 nobles vérités, la voie du milieu, et le chemin vers l’éveil, l’illumination.

Les 4 nobles vérités, base du bouddhisme  :

  1. La vérité de la souffrance : l’existence conditionnée est souffrance. Le mal-être et la souffrance existent, il faut les reconnaître pour pouvoir s’en libérer.
  2. La vérité de l’origine de la souffrance :  l’origine de la souffrance est l’égo constitué de nos sensations , de nos perceptions, de nos émotions, et de nos pensées erronées issues de notre vision dualiste* de la réalité. Ne pas  fuir la souffrance, la regarder en face pour trouver son origine.
  3. La vérité de la cessation de la souffrance : on peut se libérer de la souffrance. La souffrance peut être guérie. Pour cela il faut désirer dissiper le voile des émotions perturbatrices issues de la façon erronée d’appréhender la réalité. Notre égo nous emprisonne dans ses mirages et ses illusions . La vision matérialiste de la vie nous manipule et nous programme.
  4. La vérité du chemin qui mène à cette cessation : si la souffrance est reconnue, suivre le chemin de la libération (guérison). La souffrance décroit et le bonheur véritable apparaît.  Cette 4 ième noble vérité enseigne  la pratique de 8 notions fondamentales : la parole juste, l’action juste, les moyens d’existence justes, l’effort juste, l’attention juste,  la concentration juste, la vue juste, la pensée juste. La pratique de ce sentier enlève le fouillis psychologique qui est la source de notre souffrance et nous permet de trouver le bonheur caché derrière l’illusion du moi.

* Dualité : scission illusoire entre sujet et objet, moi et autre.

On peut découvrir à  Sarnath l’arbre sacré à coté duquel une statue de Bouddha est entourée de 5 disciples. Non loin, le temple Mulagandhakuti Vihāra expose sur ses murs une fresque du peintre japonais Kosetsu Nosu retraçant la vie de Bouddha.

 

On peut vous raconter une histoire ? Allumez les hauts-parleur, et allons-y pour la vie de bouddha!

Musique du célèbre mantra (prière) Om Mani Padme Hum entendue dans toutes les rues de thamel à Katmandou et au Ladakh.

 

Pour les gens pressés, la version courte, très courte!  :

C’est l’histoire d’un prince, Siddhartha Gautama, qui découvre par différentes rencontres que la vie n’est que souffrance, et cherche donc le moyen d’arrêter cette souffrance par une quête spirituelle… Après avoir longuement médité sous un arbre à BodhGaya, celui-ci atteint l’éveil, état suprême dans lequel la souffrance est exclue. Il devient alors le Bouddha (« l’éveillé »).

 

Pour ceux qui prennent le temps… :

 

Naissance du Bouddha

L’histoire commence au milieu du Vlè siècle avant J-C, dans un petit village du Népal qui a pour nom Lumbini. C’est au printemps que Mayadevi, la femme du souverain du tout petit royaume de Kosala, est soudain prise de douleurs, s’allonge au pied d’un sal et donne naissance à un petit garçon. Il se prénomme Siddhartha Gautama.

Il reçoit une éducation princière, enseignement des lettres, sciences, langues. Un brahmane l’initie à la philosophie hindoue. Un officier lui apprend à monter à cheval, à tirer à l’arc, à combattre avec la lance, le sabre et l’épée. Les soirées sont consacrées à la musique et parfois à la danse.
Le prince, à peine âgé de 20 ans, se marie avec sa cousine, Yashodara, une charmante jeune fille. Ils donnent naissance à un petit garçon qu’ils prénomment Rahula.

 

 

Prise de consciences

Siddhartha vit protégé du reste du monde dans son royaume, son père faisant tout pour le préserver. Pourtant, ni son mariage, ni la paternité ne le comblent et il quitte le royaume pour découvrir le monde extérieur. C’est à ce moment là qu’il fait quatre importantes rencontres  :

– celle d’un vieillard,
– celle d’un clochard,
– celle d’un cadavre transporté par sa famille,
– celle d’un moine mendiant qui, un bol à la main, quête sa nourriture…

Ce jour là, le jeune prince découvre que, si sa condition le met à l’abri du besoin, rien ne le protégera jamais de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Ces quatre rencontres vont le marquer profondément.

 

Abandon des biens matériels

Un jour Siddhartha dit à son serviteur : « Prends mon manteau et mes bijoux, emmène mon cheval et rentre au palais. Dis à ma famille que je les quitte à présent pour étudier la voie du salut. Mais dis-leur que je reviendrai. Dis-leur aussi que je souhaite qu’ils ne soient pas tristes. »

Il a à peine 30 ans.

 

 A la recherche de la vérité

Pendant six ans, il mène une vie austère avec cinq autres ascètes méditants.  il se soumet à une ascèse particulièrement rigoureuse: longues heures assis en tailleur, le buste bien droit, strict contrôle de la respiration et du jeûne (jeûne des plus strict). Il avouera un jour: « J’en étais arrivé à ce que la peau de mon ventre adhère à mon épine dorsale ». Il faillit mourir et décide de trouver une autre voie, ses amis pensèrent qu’il délaissait la pratique et le quittèrent.

La légende dit aussi qu’à ce moment là, Siddhartha semble avoir entendu quelqu’un jouer un violon à trois cordes. Au début, étant trop tendue, la corde se casse dès qu’il commence à jouer. Alors l’homme a desserré complètement la deuxième corde. Trop détendue, il n’a pu jouer aucune note, aucune musique. Il raccorde à nouveau pour la troisième fois en serrant juste ce qu’il faut et commence à jouer.

 

La voie du milieu

Trop fatigué, il a du mal à rester assis et concentré. Il se demande s’il a vraiment choisi la bonne voie. Avec sagesse, il constate:
« Le but que je cherche, la voie de la Vérité, il ne me sera jamais possible de l’atteindre avec un corps d’une telle maigreur.  »
Il quitte donc sa grotte, descend de la colline et rencontre une jeune fille du nom de Sujata. Voyant cet homme presque mourant, elle lui apporte un bol de lait et un bol de riz. Il est sauvé. Physiquement, parce que peu à peu il retrouve des forces. Spirituellement, parce qu’il a enfin découvert ce qu’il va appeler la voie du milieu qui évite tous les extrêmes. Il repart.

 

 

L’éveil, l’illumination

Il alla de lieu en lieu et finalement, il arriva à un bel endroit sur les bords d’une rivière fraîche. Là, il s’assit à l’ombre d’un grand arbre et prit la résolution : « Je ne me lèverai pas de cet endroit avant d’être Éveillé. »

Assis, il contrôlait et concentrait son esprit, purifiait son esprit, supprimait les obstacles mentaux et les souillures, et la nuit de la pleine lune de mai, à l’instant où l’étoile du matin se levait, alors qu’il fixait son esprit sur cette étoile scintillant à l’horizon, l’Illumination complète, l’Éveil complet arriva.

Il est évidemment très difficile de décrire cette sorte d’état. C’est la plénitude de la sagesse, la plénitude de la compassion. Mais ce ne sont que des mots, qui ne transmettent pas grand chose. Disons donc simplement qu’à ce moment la « lumière » apparut, et que Siddhartha Gautama devint le Bouddha. L’expression “Le Bouddha” désigne le Bouddha Shakyamuni « le Sage des Shakya », nom par lequel le Bouddha fut connu après son éveil, en référence au clan des Shakya auquel sa famille appartenait ; il est le Bouddha historique car il existe de nombreux autres bouddhas qui ont aussi atteint l’éveil.

Qu’est-ce-que l’état de Bouddha ou l’atteinte de l’esprit d’éveil ?

L’esprit d’un éveillé est entièrement purifié des dysfonctionnements que sont les émotions conflictuelles, la dualité* et la vision erronée des phénomènes. L’esprit d’un éveillé a développé d’infinies qualités : esprit de grande clarté, omniscience, amour et compassion illimités, grande félicité, grande Sagesse,  le pouvoir d’aider les êtres.

* Dualité : scission illusoire entre sujet et objet, moi et autre.

Ce n’était que le début de sa mission. Décidant de faire connaître à l’humanité la Vérité qu’il avait découverte, il quitta BodhGaya et marcha vers Sarnath, à 150km de là. Il assembla les disciples qui l’avaient quitté quand il avait cessé ses austérités et leur fit connaître sa grande découverte.

Progressivement, une communauté spirituelle grandit autour du Bouddha. Il ne resta pas de façon permanente en un endroit, mais parcourut tout le Nord-Est de l’Inde. Il eut une longue vie, atteignant l’Éveil à 35 ans et vivant jusqu’à 80 ans. Il eut donc 45 années de travail, de vie active, répandant son enseignement. Le Bouddha enseignait à tous. Et parfois, dans les grandes villes, il prêchait à des rois et à des princes. De cette manière, beaucoup de gens se mirent à le suivre, et il devint le plus grand et le plus connu des maîtres spirituels de l’Inde, à cette époque.

Quand il mourut à Kushinagar, il atteignit ce que l’on appelle le parinirvana (fin de l’existence physique d’une personne qui a atteint l’éveil et entre dans une paix intérieure totale et permanente.). Il y avait ce jour là des dizaines de milliers de ses disciples pour pleurer son départ, moines et laïcs, hommes et femmes.

 

 

(Merci à Annick et Marc pour l’aide apportée à la rédaction de l’article)