De Macapa à Belem

Le 06 Juin 2018, Brésil

Aujourd’hui nous atteindrons Belém, de l’autre coté de l’embouchure. Nous traverserons en bateau le delta de ce fleuve mythique : l’Amazone!

Pour se rendre compte de la grandeur de ce fleuve : 

  • Son débit moyen à l’estuaire de 209 000 m³/s, de loin le plus élevé de tous les fleuves de la planète (Rhone 1 710 m³/s, Rhin 2 000 m³/s…)
  • Avec ses 7 025 km, c’est le plus long fleuve de la Terre avec le Nil (6853 km).
  • L’Amazone est à lui seul à l’origine de 18 % du volume total d’eau douce déversée dans les océans du monde.

et on pourrait encore en dire beaucoup!

Le départ en bateau se fait au port de Santana, à 16km de Macapa. Possibilité d’y aller en bus ou taxi (12r$) en 15/20 min. Il faut évidemment prévoir son hamac mais de nombreux vendeurs permettent d’en acheter sur place.

 

 

Premières choses à faire une fois sur place, s’informer sur les départs du jour, ensuite savoir combien de temps ces bateaux mettent pour traverser l’embouchure jusqu’à Belém. Il en existe qui mettront 24h, 36h voir plus. Les bateaux 24h partent à 10h, ceux de 36h partent à 16h.

Pour avoir une place acceptable, c’est à dire loin du moteur bruyant et des toilettes rapidement nauséabondes et fréquentées, il est conseillé d’être sur le pont 3 à 4 h avant le départ (en fonction de la capacité du bateau). Après s’être aperçu que tous les tarifs de la concurrence étaient les mêmes (c’est à dire environ 100r$/pers (22€) + une commission au rabatteur, 10r$ en l’occurrence) nous prenons un billet pour celui qui mettra 36h, le « Bom Jésus ».

Chacun sa place!

Il est 10h. Sans attendre nous installons nos hamacs sur le pont supérieur, qui fait office de réservation!
Nous passons la journée à patienter dans le port de Santana, dont nous faisons rapidement le tour, quelques rues, quelques gargotes, et beaucoup d’activité. Cette organisation non-organisée que nous observons nous fera passer le temps.
2 à 3h avant le départ (officiel) on observe un rush des passagers, tout le monde commence à installer son hamac, et il est judicieux à ce moment là de rester dans le sien pour « occuper » la place. En effet, chaque installation d’un hamac voisin réduit petit à petit sa « zone d’intimité ».

 

 

 

Le pont supérieur diversifie ses couleurs par le nombre de hamacs qui y sont installé, 50/60 hamacs sont accrochés. Il arrive souvent qu’un passager, n’ayant pas trouvé de place, décide d’installer son hamac…au dessus du votre! On arrive à un empilement vertical qui engendre une sensation d’envahissement peu agréable (ressenti aussi chez les locaux).
Heureusement l’ambiance se détend rapidement puisque tout ce fait avec le sourire et des discussions. Ma voisine de droite, Marie, une française (ils seront 3 au total sur le bateau), est en route pour la Bolivie. Le bateau s’ébranle pour se décoller lentement du ponton et amorce ses 36h de navigation. Tout le monde se met à l’aise, certain ne quitte pas leur hamacs, d’autre font leur adieu aux proches restés sur le quai.

 

 

 

 

 

 

Au rythme du balancements lents des hamacs…

Le repas sera servi à 18h ! C’est un peu tôt mais c’est comme ça. Au menu, des pâtes, du riz, du poulet avec un peu sauce, et des haricots. Ça tient au corps ! Le repas peut être compris dans le prix du billet, pour ce trajet cela nous coûtera 5r$.

Rapidement nous échangeons avec les étrangers ou locaux parlant français/anglais. Notre niveau en portugais brésilien ne nous permet pas d’assurer une conversation basique. Même si il est intéressant de se rendre compte qu’avec un peu de français, d’anglais, d’espagnol, de portugais et de geste, on y arrive !
Une mère de famille nous fait d’ailleurs comprendre qu’il est plus prudent d’attacher ses sacs au poteau pour éviter les vols. Certain voleur, lors des arrêts dans les villages, jettes les sacs sur le quai et s’enfuis. (Durant le trajet un sac à main d’une brésilienne aura d’ailleurs disparu) Pour avoir l’esprit tranquille nous le faisons.

 

Première nuit

La première nuit se passe tranquillement, rythmé par les balancements lents des hamacs… Cette première nuit « d’adaptation » me permet de mettre à l’aise avec mon environnement, car ayant des voisins très proches de moi, j’ai toujours peur d’en réveiller un en bougeant. Mais lorsque l’on se retrouve avec un pied dans le nez ou un coup de fesse durant la nuit, on fait forcement moins attention et ce n’est pas plus mal !

Durant ce trajet, qui va au rythme du fleuve, une ambiance sympathique et conviviale se crée sur le bateau. Nous sommes quand même ici pour 36h, autant que ça se passe bien.
Le petit déjeuner est simple : un bol de café au lait (concentré sucré), et des biscuits secs. Comme « intégré » au groupe, nous ne subissons pas de regard curieux comme on pourrait le ressentir dans certain pays étranger. Personne ne fait attention à nous et chacun mène sa vie, lecture, jeu de dame, bière au bar, discussion…

L’embarcation se faufile tranquillement à travers les îlots qu’entour l’île de Marajó qui est comme posé dans l’embouchure de l’amazone. Tel un taxi, régulièrement le capitaine klaxonne pour demander aux habitants du fleuve s’ils veulent monter (d’où les 36h, le bateau de 24h ne fait pas d’arrêt).

 

 

Cela nous fait donc faire plusieurs arrêts de chargement/déchargement de marchandises, passagers. Je descends au pont inférieur pour voir ce qui s’y passe. Dans le bruit infernal du moteur, je remarque qu’une 20ene de hamacs y sont installées. Comme quoi il est vraiment important pour avoir un certain confort d’avoir une place sur le pont supérieur. Je ne sais d’ailleurs pas comment on peut rester ici avec ce bruit assourdissant et continu.

Sur ce même pont, les toilettes, douches et juste devant, la cuisine avec une grande table et 2 bancs. Malheureusement impossible de parler car le moteur est à quelques dizaines de mètres, et les toilettes juste derrière. On y prend un repas, c’est tout.
Les douches partagent leur espace avec les wc. L’avantage est qu’en se douchant, on nettoie la cuvette des toilettes qui reste généralement propre par ce moyen. Evidemment, c’est l’eau du fleuve qui sort du robinet. D’ailleurs on a une magnifique vu sur le fleuve en se douchant, un luxe !

 

 

Prendre le temps de prendre son temps

Le voyage se déroule tranquillement rythmé par les repas, les siestes, la lecture, les discussions, ça nous laisse le temps de prendre du temps. Une chose me choc, malgré les poubelles misent sur le bateau, la plupart des déchets sont jetés par dessus bord. Papier d’emballage, couche, bouteille plastique, serviette hygiénique, tout y passe. Tout cela ira évidement à la mer et aux populations du fleuve.
D’ailleurs de nombreuses petites pirogues conduites par de jeunes enfants approchent notre embarcation pour recevoir des sachets plastiques remplis de vêtements envoyés par les passagers. Les premiers rencontrés seront servi, les suivants auront moins de chance. Sur la rive, de nombreuses petites cases en bois montées sur pilotis entourées par une végétation de wasaï. Il commence à pleuvoir, de plus en plus fort. Le vent se lève également. Un petit bateau passe au loin. Je ne sais pas d’ou il vient, ni ou il va…mais il y va!

L’équipage rabaisse les bâches de chaque coté du bateau car avec le vent, la pluie mouille les hamacs. On ne voit plus l’extérieur. Le tangage et le roulis du bateau associé au tangage du hamac (que je quitterai rapidement), en plus des bâches qui nous empêchent de voir à l’extérieur me font sentir que le mal de mer n’est pas loin d’arriver! Je me concentre donc à ne pas y penser (contradictoire mais efficace), je fais quelques aller-retour à l’avant du bateau histoire de prendre l’air et tout ce passera bien. Habitués, tous les passagers resteront stoïques durant cette averse. Je craignais que tout le voyage ne se fasse sous la pluie, mais heureusement le soleil réapparait.

Quand le fleuve n’est pas trop large, on peut apercevoir différentes espèces d’oiseaux, des zébus, et si l’on est attentif, des dauphins roses (boto). Il est conseillé d’avoir une paire de jumelle pour mieux les observer, ce que j’ai oublié…

La nuit tombe sur le fleuve, le dernier repas est servi, il est 18h. Le ciel tend vers le rouge, pendant que le soleil disparaît dans la forêt. La nuit tombe vite, en 30min il fait nuit noire. Ce qui nous a occupé une grande partie de la journée n’est maintenant plus possible, la rive est plongée dans l’obscurité.

Nous arrivons à Belem normalement demain matin entre 4 et 6h du matin. On peut se coucher tôt de toute façon le réveil sera matinal!

Demain je ferais une visite de Belèm